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Landvaettir visite de lieux énergétiques
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Landvaettir visite de lieux énergétiques
23 décembre 2018

Maibelle et son tilleul creux

En route, vers Maibelle !

Serait-ce cet endroit où les hommes vont dans la forêt choisir l'arbre de mai à planter au milieu du village, tandis que les belles décorent les façades avec des fleurs ?
Verrai-je la danse de l'arbre de mai ? Verrai-je les belles aux chevelures fleuries, les Belles de Mai ?

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Le tilleul de Maibelle

Essence : tilleul à grandes feuilles
Nom latin : tilia platyphyllos scop
intérêt : son âge : un des plus vieux tilleuls de Belgique.
Sa taille : 3e de Belgique en 1989 : 7,50 m de circonférence (+ de 10 m au 19e siècle !)
Jean Chalon, au début du 20e siècle, rapporte une description de l'arbre par Henri Crépin figurant dans les annales de la société archéologique de Namur, IV, 1855.

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"Le tilleul plusieurs fois centenaire, dans sa force était l'orgueil du village de Maibelle, dont il ombrageait la place publique. Cet arbre, qui depuis si longtemps supporte les rigueurs des longs hivers, les ravages de la foudre et les dégradations des hommes, ne présente plus, il est vrai, qu'un squelette, l'ombre de ce qu'il fut autrefois. La sève, qui ne circule plus que dans une partie de sa circonférence, porte encore cependant la vie dans quelques rameaux vigoureux.

Mais, on le voit, ce patriarche des bois est sur son déclin; son cadavre échancré et vide, sa tête découronnée, une partie de ses branches desséchées, l'annoncent assez.

Néanmoins, il nous survivra probablement encore, car les vieillards de l'endroit racontent avoir entendu dire pendant leur enfance par d'autres vieillards, que ceux-ci l'avaient toujours vu en cet état. Qui nous dira son âge ? Quel botaniste pourra constater l'antiquité de ce phénomène du règne végétal ? Quel autre nous racontera les emplois successifs auxquels il servit depuis que, vide à l'intérieur, il offre un abri plus sûr contre les intempéries des saisons que beaucoup de chaumières des hameaux voisins ?

Ses parois enfumées nous disent que plus d'une famille, privée d'asile, y prépara ses repas frugaux, que plus d'un chaudronnier ambulant y établit son échoppe.

Enfin si, nous faisant l'écho des contes du village, nous disons que huit joueurs peuvent s'y tenir à l'aise autour d'une table, qu'un cavalier peut y faire des évolutions, nous constaterons assez que ce tilleul est tel qu'on en vit rarement d'aussi volumineux".

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L'intervention sur l'arbre.

Comme j'ai travaillé sur le tilleul de Maibelle avec mon ami Vincent Kervyn le 10 novembre 1999, je vous fais part de nos impressions et de ce que nous avons fait.

En arrivant, le tilleul nous a d'abord paru assez laid, parce qu'il a été massacré (taillé beaucoup trop fort) il y a quelques années. Beaucoup de gens doivent passer à côté sans même le remarquer.

Pourtant ! En s'approchant, cette curieuse rangée d'arbres étonne. En faisant le tour de ce mur vivant, pour voir l'envers, nous nous sommes rendus compte que c'est en réalité le vestige, bien vivant, d'un arbre colossal que nous avions sous les yeux.

Un profond respect s'est alors imposé à nous et beaucoup d'humilité dans notre travail. Nous avons lu le texte de M. J. CHALON avant de poser le premier geste. Nous avons sélectionné les rejets en choisissant les mieux placés pour que ceux-ci puissent grossir au lieu de filer vers le haut en augmentant la prise au vent et fortifier le tronc qui est dessous. Alléger sans nuire aux parties les plus en porte-à-faux.

Nous aurions pu enlever de gros morceaux portant beaucoup de feuillage, mais alors nous aurions provoqué des blessures très graves qui auraient tué un peu plus le tissu vivant du tronc et ralenti la fabrication de nouveau bois de soutien (n'oublions pas que l'énergie pour fabriquer du bois vient des feuilles). C'est justement ce qu'il faut éviter. Les risques d'abîmer les arbres sont aujourd'hui cent fois supérieurs à ce qu'ils étaient dans le passé.

L'intervention des tronçonneuses qui permettent de couper gros sans fatigue et sans réflexion, l'invention des pelleteuses mécaniques qui permettent de couper les racines pour le passage de toutes sortes de canalisations utiles ou superflues, l'invention des bulldozers qui écrasent tout sous leurs chenilles sans aucune difficulté, les produits chimiques qui permettent de tuer ce qui gêne (et aussi le reste) sans fatigue.

Tout cela est bien utile si on sait réfléchir avant d'utiliser ces outils. C'est-à-dire les employer pour ce que l'on a intelligemment décidé de faire et non pas le uliser parce qu'on les a sous la main, pour faire n'importe quoi.

Comme vous pouvez le voir, l'arbre est fort menacé par la "distraction" des hommes qui "oublient" ce qui est mauvais pour lui. Seul, un suivi à long terme permettra de savoir ce qu'il faut faire, et à quel moment, pour aider ce vétéran.

Réflexion sur la forme actuelle illustrée ci-contre : comment le tilleul a-t-il pu prendre cette forme ? Il faut admettre qu'il a une drôle de forme pour un arbre. On dirait plutôt qu'ils sont plusieurs bons copains unis. Au départ, il devait y avoir un tileul comme celui du centenaire sur la route de Florée à Maibelle. Il a grandi, grossi et a dû ressembler à ceux qui sont devant l'église.

Puis, bien plus tard, la cîme est morte de même que les plus vieilles racines. Une pourriture est remontée dans le tronc et l'arbre est devenu creux, mais toujours fermé. Cette cavité s'est ensuite ouverte avec l'extension de la pourriture associée à la mort d'autres racines et de branches maîtresses. Les grosses branches restantes ont pris leur autonomie en développant chacune leur système racinaire.

Ensuite,les racines, les branches et le tronc (les colonnes cambiales) du côté opposé à la route sont morts et ont pourri puis disparu. Etat il y a 10 ans : à ce stade, chaque grosse branche possède sa partie de tronc et de racines propres, indépendantes des voisines. C'est ce qui explique que l'empoisonnement des racines à droite de l'arbre, avec un produit chimique il y a quelques années, n'ait eu d'effet mortel que sur les parties correspondantes de tronc et de branches, tout en n'ayant aucun effet sur le reste de l'arbre. La situation avant juillet 2000 est dessinée en 8. Voici ce qui restera probablement visible dans 5 ans.

B. DELCROIX, élagueur.

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